C’est avec déconvenue et détermination à poursuivre la mobilisation que la campagne Moratoire d’une Génération ainsi que nombre de groupes citoyens mobilisés depuis plus de deux ans au Québec accueillent le projet de « Loi interdisant certaines activités destinées à rechercher ou à exploiter du gaz naturel dans le schiste », présenté aujourd’hui à Québec par le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet.
« Ce projet de loi offre au Québec un moratoire évanescent, incohérent, insatisfaisant et pour tout dire, décevant, note Véronique Bérard, militante de la région de Sherbrooke. C'est un pas important, mais un petit pas… tout ça pour ça?, demande-t-elle. Ce moratoire est bien précaire, il pourrait être levé dès l’automne. Les forages pourraient recommencer dès que Québec adoptera ses nouvelles règles, encore inconnues, sur l’exploitation des hydrocarbures. »
« Interdire le gaz de schiste sans interdire le pétrole de schiste, c’est une inconsistance troublante, souligne pour sa part Sébastien Rioux, porte-parole de Trois-Pistoles. Un projet de moratoire à la fracturation gazière qui se limite "aux basses terres du St-Laurent", c’est de l’incohérence. Comme si la Gaspésie et Anticosti n’étaient pas de ce pays! Il faut un projet qui embrasse le Québec tout entier et toutes les formes de fracturation, insiste-t-il. »
«Le Québec est doté d’un contexte unique pour les énergies renouvelables, il devrait garder le cap, suggère Audrey Yank, militante en environnement. Pour ma génération, celle qui devra élever ses enfants dans la pire crise climatique de l’histoire humaine, ce projet à la pièce est insatisfaisant. Le taux de carbone dans l’atmosphère vient tout juste de franchir les 400 PPM, dit-elle, l’heure n’est plus aux vieilles routes de bitume cahoteuses, mais au virage serré vers les énergies de l’avenir, les énergies 100 % renouvelables. »
« Il y a exactement deux ans, jour pour jour, nous entreprenions une marche de 700 km sur 34 jours vers Montréal à partir de Rimouski, rappelle Jason Rivest, des Pétroliques anonymes de Rivière-du-Loup. Nous réclamions alors et nous réclamons toujours, un moratoire complet d’au moins vingt ans sur l’exploration et l’exploitation des énergies sales au Québec. Le MDG maintiendra sa mobilisation et pour au moins cinq ans encore, notre initiative Schiste911 offrira partout au Québec des formations à la résistance citoyenne non violente. Quelle que soit la durée du moratoire officiel, les citoyens resteront prêts à maintenir un vrai moratoire sur le terrain. L’industrie pétrolière est attendue de pied ferme », conclut-il.
Source: Moratoire d’une génération