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Réponse à l’article de Lysiane Gagnon.
Madame Gagnon, vos convictions idéologiques et politiques vous aveuglent. Prenez un peu de recul. Oui, le Québec est riche en ressources, mais ce n’est pas une raison pour les développer à n’importe quel prix. Nos politiques doivent s’inscrire dans un horizon plus vaste sur tous les plans : économique, social, géographique et temporel.
Quand on possède, comme au Québec, des ressources dont l’exploitation est caractérisée par des bénéfices à court terme et des coûts à long terme (comme c’est le cas dans le secteur minier et dans celui des hydrocarbures non conventionnels), le bon sens voudrait que l’on songe avant tout à l’avenir.
Or, pour certaines personnes, l’avenir, c’est trop loin. Le développement doit se faire maintenant pour qu’on puisse en profiter le plus vite possible. Nous sommes si heureux et reconnaissants devant une promesse de création d’emplois et de richesse, que nous jugeons insolent d’imposer des exigences aux minières, aux pétrolières et aux gazières.
Les positions du Parti Québécois sont ambigües. Vous avez beau traiter ses militants d’environnementalistes « purs et durs », et votre collègue Alain Dubuc accuser la ministre Ouellet d’avoir transformé le ministère des Ressources naturelles « en groupuscule militant hostile au développement », sa nouvelle politique économique Priorité emploi s’affiche pourtant clairement en faveur du développement de la filière pétrolière, orientation que nous jugeons pour le moins contestable.
Bien sûr, encore aujourd’hui, c’est aller à contre-courant que de vouloir changer le modèle économique dominant axé presque entièrement sur les hydrocarbures. Il est toujours facile de taxer ceux et celles qui s’engagent dans cette voie de rêveurs et d’idéalistes. Pourtant, si l’on en croit un nombre de plus en plus élevé de scientifiques, les rêveurs sont aujourd’hui plutôt du côté de ceux qui pensent que l’on va pouvoir continuer à exploiter sans retenue les ressources fossiles sans tenir compte des changements climatiques. Réveillons-nous. Même les investisseurs commencent à douter de la pertinence de tabler sur les énergies fossiles[1].
C’est pourquoi, contrairement à vous, nous tenons à saluer le courage et la ténacité de la ministre Ouellet, qui persiste à vouloir modifier un règlement sur les mines que tous s’accordent pour considérer comme totalement désuet, mais que personne n’a osé jusqu’à présent remettre sérieusement en question.
Nous allons continuer à talonner tous les élus pour qu’ils adoptent immédiatement un moratoire sur les hydrocarbures de schiste, pour qu’ils entendent les voix qui s’élèvent partout au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde contre la catastrophe que représente l’exploitation des sables bitumineux, et pour qu’ils refusent les oléoducs qui doivent transporter ce pétrole sale.
L’avenir est ailleurs. Cessons les querelles et la politicaillerie. Il y a beaucoup à faire, à concevoir, à construire pour nous développer sans détruire le monde dans lequel nous voulons continuer à vivre.
[1] http://www.fastcoexist.com/3020656/are-oil-companies-wasting-billions-on-energy-theyll-never-use
Source: Denise Campillo, François Prévost et Joceline Sanschagrin
Comité de vigilance Gaz de schiste de Roxton Falls