LETTRE OUVERTE: La Romaine ou le pétrole?

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Voici un petit exercice d’analyse sommaire que nos politiciens auraient avantage à faire. Ce dimanche matin, en lisant tranquillement le rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques1, j’ai sorti ma calculatrice en arrivant à la page 22. Je suis arrivé à des conclusions qui risquent d’en rendre plus d’un vert de honte ou rouge de rage! Cette analyse est d’ailleurs en ligne, au cas où ma lecture du rapport m’amènerait à modifier mes calculs. [http://enjeuxenergies.wordpress.com/le-rapport/] 

En 30 minutes à peine, j’ai pu faire une analyse démontrant que les dérapages politiques empêchent le gouvernement de prendre de bonnes décisions et qu’il est parfaitement réaliste d’électrifier 100 % des transports au Québec dans un délai raisonnable de 5 à 7 ans, soit la période de renouvèlement du parc automobile constitué d’environ 5 millions de véhicules. 

À la page 22 du rapport, on peut lire que le Québec importe pour 18 milliards de dollars de pétrole! 

Au lieu de construire La Romaine, nous aurions dû investir les 6,5 milliards consacrés à ce projet pour électrifier 812 500 véhicules, ce qui représente près du quart du parc automobile, constitué d’environ 5 millions de véhicules. 

L’électrification du quart du parc automobile permet de réduire les 18 milliards d’importation de pétrole du quart et de diminuer nos importations de 5,84 milliards de dollars, soit un solde de 12,6 milliards d’importations de pétrole. En cadeau de bienvenue, nous réduisons nos émissions de GES de 33 %. 

Autrement dit, nous interrompons immédiatement La Romaine, réaffectons les 6,5 milliards de dollars vers l’électrification pour économiser 5,84 milliards de pétrole par année, ce qui revient à un investissement net de 660 millions, soit 143 millions de plus que la politique d’électrification des transports annoncée avec grands feux de boucane le 1er novembre 20132

La différence c’est que l’année suivante, l’économie de 5,84 milliards de pétrole qui ne sera pas importé pourra encore être affectée à électrifier un autre quart du parc automobile! Donc, 12,6 milliards d’importations moins 5,84 milliards d’électrification et il nous reste la deuxième année 50 % du parc automobile à électrifier et seulement 6,22 milliards d’importations de pétrole. En prime, nous venons de réduire nos émissions de GES de 50 % en seulement 2 ou 3 ans! 

En quatre ans, cinq tout au plus, nous aurons électrifié plus de 75 % des transports et diminué d’autant notre dépendance aux 18 milliards d’importations tout en ayant réduit nos émissions de GES de 75 %! 

Au bout de sept ans au maximum, soit la durée de renouvèlement du parc automobile, nous atteindrons presque 100 % d’électrification des transports et presque 100 % de réduction des GES. 

Les grenailles de ferraille alimentées aux carburants fossiles qui subsisteront se situeront dans le transport en commun et commercial parce que la durée de vie des véhicules est plus longue, et on ne pourra pas électrifier aussi facilement les trains commerciaux, les bateaux et l’aviation. 

En sept ans au Québec, nous serons devenus les premiers au monde en terme d’électrification des transports, d’élimination des GES et de réduction de la dépendance au pétrole en plus d’avoir investi dans le développement d’une économie forte et libéré le Québec de 18 milliards par année de dépenses en combustibles fossiles!!! 

Et nous aurons créé une pouponnière commerciale extrêmement effervescente en attirant chez nous l’industrie automobile électrique. Il est peu vraisemblable que l’industrie rejette un marché de 5 millions de clients… Elle va tout faire pour les séduire. Et avant tout rendre ses véhicules électriques abordables… 

 


 1 Roger Lanoue et Normand Mousseau : « Commission sur les enjeux énergétiques du Québec : Maîtriser notre avenir énergétique. », Ministère des Ressources naturelles, 2014. En ligne, [http://consultationenergie.gouv.qc.ca/] 

2 http://www.mce.gouv.qc.ca/publications/electrification-transports/  

 

Source: Stéphane Brousseau

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