Par Eugénie Emond
Mots-clés : AQME, Rencontre municipale de l’énergie, biomasse forestière, efficacité énergétique
Au paradis québécois de l’énergie renouvelable à bon marché, comment intéresser les municipalités à la diversité énergétique? C’est un peu pour combler ce créneau que L’Association québécoise pour la maîtrise de l’énergie (AQME) réunit jeudi et vendredi à Rimouski près de 300 acteurs municipaux dans le cadre de la quatrième édition de la Rencontre municipale de l’énergie. Deux journées sous le signe de l’innovation technologique.
Pour une meilleure attractivité du territoire«Parce qu’elles paient aujourd’hui pour le mauvais développement, les municipalités ont compris assez rapidement que d’investir dans les nouvelles énergies et l’efficacité énergétique, cela avait des retombées pour leur milieu», soutient Mathieu Gillet, responsable du volet municipal de l’AQME et animateur de l’événement. Le maire de Varennes présentera ainsi son projet de bibliothèque Net Zéro qui produit autant d’énergie qu’elle en consomme et la localité de Summerside à l’Île-du-Prince-Édouard, son parc éolien communautaire où l’énergie produite alimente la communauté qui l’exploite.
Accompagner des élus débordésC’est pour tenter de soutenir les maires «à qui on demande d’avoir la connaissance de Dieu», comme le soulève Gillet, que l’AQME accompagne les municipalités dans le choix et l’intégration des technologies. Selon lui, les localités ont un rôle à jouer dans la croissance de l’économie propre, mais disposent souvent de peu de moyens. À preuve, un atelier réunira des élus et des entrepreneurs québécois dont les idées ont trouvé preneur à l’étranger. «Pourquoi pas ici? Où le bât blesse-t-il?», questionne-t-il.
L’exemple de La MatapédiaCertaines technologies réussissent tout de même à faire leur chemin au Québec. C’est le cas du chauffage à la biomasse forestière. Une expertise qui bénéficie d’un bon coup de pouce de la part du ministère des Ressources naturelles qui a remis à flot en novembre dernier son programme d’aide financière pour des projets de conversion énergétique à ce type de carburant. Mario Lavoie, directeur général de MRC de La Matapédia et conférencier invité à cette Rencontre municipale de l’énergie a d’ailleurs compris que la concertation seule permettrait aux petites localités de son territoire de profiter de cette manne. «On s’est regroupé d’abord pour être en mesure de faire une demande d’aide financière au Fonds municipal vert de la Fédération canadienne des municipalités», admet-il. En tout, ce sont six chaufferies à la biomasse qui alimenteront en chauffage d’ici quelques mois des bâtiments municipaux de la région. Un projet qui permettra de réaliser des économies de 95 000$ par année en frais d’énergie, en plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de créer des emplois locaux. La Coopérative forestière de La Matapédia a développé l’expertise qu’on désire exporter à travers la province.
L’enjeu de l’acceptabilité socialeA l’AQME, on qualifie de raz-de-marée cette ruée vers la biomasse forestière que plusieurs groupes environnementaux voient d’un mauvais œil. Les six chaufferies de la Matapédia consommeront à elles seules près de 500 000 tonnes métriques de résidus de bois secs par année. «Le plus rentable à exploiter, ce sont les déchets laissés sur les parterres de coupes par les entreprises forestières, parce qu’il y a un volume important au même endroit», explique Mario Lavoie. Mathieu Gillet rappelle également que les tonnes de bois envoyées chaque année au dépotoir ne demandent qu’à être utilisées. « Comme toutes les technologies, si celle-ci n’est pas mise à profit de la bonne façon, ça va devenir un gros problème», conclut-il.
Source: GaïaPresse |