Par Marina Tymofieva
Est-il possible de concilier l’exploitation pétrolière au Québec avec les objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre (GES)? Tel était l’objet d’un débat entre différents experts à la Maison du développement durable.
Le climat va malLe constat est sans précédent : sans changements majeurs et rapides dans la façon de produire et d'utiliser l'énergie, le monde entrera dans une zone de bouleversements climatiques sans précédent. Alors que le sommet de Copenhague en 2009 visait à limiter le réchauffement climatique à 2˚C, nous nous dirigeons plutôt vers une augmentation catastrophique de 4˚C, comme l’indiquent les derniers rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Une des raisons principales en est l'extraction et la combustion de carburants fossiles. Le pétrole est la première source d'énergie dans le monde et satisfait plus de 30 % des besoins énergétiques. Cela représente une consommation mondiale de 92 millions de barils par jour. À la lumière de ces faits, des experts ont débattus sur la possibilité de réconcilier l’impératif de réduction de gaz à effets de serre et une éventuelle exploitation pétrolière au Québec.
Les québécois sont-ils privilégiés?« Le Canada a beaucoup de pétrole, c’est exceptionnel et tragique en même temps. Exceptionnel car ça fait du Canada un des pays les plus compétitifs, avec la deuxième plus grande réserve de pétrole au monde. Tragique, lorsque l’on se souvient de Lac Mégantic et des impacts environnementaux que le pétrole laisse en général » a déclaré l’animateur du débat, Gérald Fillion. Le gouvernement Couillard a déjà annoncé une intention de réaliser une vaste évaluation stratégique des hydrocarbures, ce qui réjouit les environnementalistes. Cette évaluation devra cependant prendre en compte de la demande croissante en pétrole de la population québécoise, estime Yves-Thomas Dorval . « Peut-on réconcilier l’exploitation pétrolière et la lutte aux changements climatiques? La réponse est oui. Est-ce une certitude, une garantie? Non » a-t-il affirmé. Selon le président du Conseil du patronat du Québec, la demande en pétrole augmente au Québec, où 50% de la consommation énergétique provient déjà de combustibles fossiles. Les panelistes s’accordent à dire que face à cette dualité d’une consommation en hausse et d’un besoin de réduction en GES, des actions doivent être entreprises. La question est de savoir qui doit prendre ses responsabilité en premier : les citoyens ou le gouvernement? « On aime tous rentrer dans une belle voiture, mais ça coûte moins cher de prendre le bus, et c’est plus responsable » a déclaré Pierre-Olivier Pineau, professeur titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie au HEC de Montréal. Selon le professeur, c’est cet engouement populaire pour le confort qu’il faut changer avant tout. Le militant Steven Guilbeault est d’avis, quant à lui, que c’est au gouvernement de proposer des changements concrets pour aider à transformer le paradigme actuel. Il a notamment cité l’exemple de l’augmentation des tarifs de l’électricité. « Amener un changement social est à mon sens le plus gros défis. Oui, c’est aux politiques de montrer l’exemple, mais c’est aussi à la population d’en faire la demande » a conclut M. Pineau.
Source: GaïaPresse |