Photo de Flcelloguy – Wikipedia commons |
Des organismes environnementaux soucieux d’assurer la protection des bélugas du Saint-Laurent et le respect des lois environnementales demandent au gouvernement du Québec de suspendre toute autorisation de travaux accordée à l’entreprise TransCanada. Le gouvernement est appelé à se doter d'un mécanisme d'autorisation en bonne et due forme et de procéder, dans les plus brefs délais, à un examen public indépendant sous l'égide du BAPE. Celui-ci devra être mandaté pour faire l'évaluation environnementale complète du projet d'oléoduc Énergie Est au Québec incluant le terminal de Cacouna.
Les organismes invitent également la classe politique nationale et municipale à faire preuve de retenue et à éviter de s’associer aux opérations de relations publiques du promoteur avant la tenue d'un examen public du projet.
Cette réaction intervient à la suite de la tenue d'un souper privé payé par TransCanada qui n’a pas été préalablement communiqué aux médias. L’activité, qui a eu lieu en début de semaine à Montréal, a réuni des membres du Conseil d'administration de TransCanada, le ministre des Ressources naturelles Pierre Arcand, des députés de deux autres formations, ainsi que plusieurs maires de la province.
« Le rôle du gouvernement est de défendre les intérêts du public et de protéger l’environnement, et non pas de faire des ententes derrières des portes closes avec les pollueurs, affirme Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada. Notre gouvernement devrait agir en arbitre dans ce dossier, et non pas se comporter en cheerleader. Le gouvernement doit immédiatement stopper les travaux de TransCanada le temps d’évaluer en profondeur les impacts environnementaux de ce projet. »
« Le projet Énergie Est va annuler tous les efforts de réduction de gaz à effet de serre (GES) au Québec au moment où la grande majorité des Québécois demandent qu'on redouble d'effort dans ce sens », indique pour sa part André Bélisle, président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), rappelant que « le Canada a trahi les canadiens en se retirant du protocole de Kyoto ». « Il n'y a certainement pas d'acceptation sociale à accélérer l'augmentation des GES au moment où le pire scénario de bouleversements climatiques semble être celui que l'on vit », ajoute M. Bélisle.
Christian Simard de Nature Québec invite de son côté les décideurs « à faire preuve de dignité » face à TransCanada. « Participer à un pareil événement de relations publiques au moment même où débutent des travaux qui auront un impact majeur sur les bélugas du Saint-Laurent et avant tout examen environnemental du projet ne peut qu'entretenir le cynisme de la population envers le monde politique », affirme-il.
Même condamnation de la part de Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki : « Après que le ministre de l’environnement, David Heurtel, ait délivré un certificat d’autorisation à la hâte avant même la tenue des évaluations environnementales annoncées, le ministre des ressources naturelles, Pierre Arcand se prête maintenant à la campagne de promotion de l’oléoduc Énergie Est auprès des municipalités. Le gouvernement a déjà deux prises contre lui dans ce dossier et il doit dès maintenant corriger le tir s’il veut assurer la crédibilité de ses évaluations environnementales à venir. »
Steven Guilbeault directeur principal d'Équiterre appelle de son côté les politiciens qui étaient présents à la soirée financée par TransCanada à « être autant ouverts à nous rencontrer et discuter formellement des enjeux entourant le projet Énergie Est. L'invitation est lancée à la classe politique pour enfin écouter le point de vue de plusieurs ONG et milliers de citoyens sur ce projet inquiétant. »
« Cette participation du ministre, de même que le feu vert donné à TransCanada dans le dossier de Cacouna n’inspire pas confiance, affirme de son côté Marie-Claude Lemieux, directrice pour le Québec du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada). Nous réclamons la tenue d’une évaluation environnementale indépendante et complète sur tous les impacts du projet Énergie Est. »
Source: Fondation David Suzuki, Nature Québec, Greenpeace, AQLPA, Équiterre, WWF-Canada