Photo tirée de ttp://savetheeaglesinternational.org/ |
Le système vidéo DTBird est utilisé en France et quelques autres pays européens pour prévenir les massacres d’oiseaux par les éoliennes. Save the Eagles International (STEI) et le Conseil mondial pour la nature (WCFN) lancent une mise en garde: DTBird est inefficace, voire contre-productif.
L’équipement DTBird consiste en un émetteur de signal sonore relié à quatre caméras de vision diurne installées sur la tour de chaque éolienne, couvrant en principe tous les angles jusqu’à une distance de 150 mètres, et 50% jusqu’à 300 mètres (1). Ce système ne fonctionnant que de jour, il n’est d’aucune utilité pour sauver les chauves-souris, les passereaux migrateurs (qui voyagent de nuit pour modérer leur température corporelle) et autres créatures utiles comme les hiboux et les chouettes.
Pourtant, les éoliennes tuent ces derniers par milliers – par exemple une moyenne de 270 chouettes par an à la seule centrale éolienne d’Altamont Pass, en Californie (2). Pour ce qui est des passereaux, c’est par millions qu’ils meurent, frappés par leurs pales (3). Quant aux chauves-souris, attirées par les insectes qui pullulent autour des éoliennes, elles meurent en plus grand nombre encore. Le tout aura des effets néfastes pour l’agriculture, car ces animaux contrôlent les populations d’insectes et de rongeurs (4).
Donc, DTbird ne s’adresse qu’aux oiseaux, et qui plus est aux oiseaux qui se font tuer de jour, donc environ 15-25% de la mortalité causée par les éoliennes.
Voyons maintenant quelle est son efficacité sur ces 15-25%.
DTbird est équipé d’un logiciel qui lui permet, en principe, de distinguer les oiseaux des autres effets visuels, et de déclencher un son qui les effraie lorsqu’ils s’approchent trop de l’éolienne sur laquelle il est fixé. Mais à lire l’évaluation qui en a été faite par NINA (Institut norvégien pour la recherche sur la nature), après avoir testé le système pendant 6 mois sur deux éoliennes dans l’île de Smola, il arrive au signal sonore d’être aussi déclenché par des gouttes de pluie, des insectes, ou des effets lumineux causés par les nuages en mouvement (5). NINA remarque que ces fausses alarmes font que les oiseaux « pourraient s’habituer à ce bruit », ce qui réduirait l’effet de dissuasion (6).
De toutes les façons, même sans habituation, la performance du système DTBird est des plus décevantes: « Parmi toutes les séquences vidéo où l’avertissement/ dissuasion a été déclenché, on observe une réaction dans le vol de l’oiseau dans seulement 7% des cas » (en anglais: « In only 7% of all video sequences where warning/dissuasion was iniciated, was a visible flight response observed ») (7). Le système est donc tout simplement inefficace.
On pourrait aussi parler des pannes fréquentes. Pendant les six mois d’essais aux mains des techniciens de NINA, pendant la belle saison, les 8 caméras DTBird ont eu trois dysfonctionnements, et l’un des deux modules de détection a été hors d’usage pendant un mois (5). On imagine donc ce qu’il en coûterait aux propriétaires d’éoliennes de maintenir en bon état de marche, été comme hiver, pendant 25 ans, 10 modules et 40 caméras (par exemple) installés sur une dizaine d’éoliennes.
Même si DTBird devenait efficace après moultes améliorations, ce qui est peu probable étant donné la nature du défi, encore faudrait-il que des inspecteurs d’État visitent chaque jour la centrale éolienne qui leur serait assignée, pour s’assurer que caméras, modules de détection et avertisseurs sonores fonctionnent parfaitement. En effet, dans un pays comme la France (par exemple), la mort d’un seul Aigle de Bonelli (par exemple) aurait un effet significatif sur sa population au niveau national (voire européen). Or, pour contrôler 25 ou 30 000 éoliennes 365 jours par an il faudrait créer un nouveau contingent de fonctionnaires comprenant plus de 5 000 inspecteurs, ce qui est hors de question vu son coût pour l’État, et donc pour l’économie dans son ensemble.
Par conséquent, non seulement le système DTBird est très loin d’être efficace (7%) lorsqu’il marche bien, mais les coûts de son entretien et du contrôle nécessaire pour s’assurer de son bon fonctionnement seraient tout simplement prohibitifs.
Et pour ceux qui penseraient aux radars aviaires, qui détectent les oiseaux et arrêtent les éoliennes en cas de risque de collision, les problèmes sont tout aussi insurmontables, et pour les mêmes raisons. De fait, une fois les éoliennes installées, l’unité radar est tout simplement laissée pour compte: on ne s’en sert pas. Au ranch “Kennedy”, au Texas, on a constaté que le radar n’avait arrêté aucune éolienne en 18 mois d’opération. Et un témoin oculaire rapporte avoir vu avec horreur un vol de pélicans s’approcher d’une de ses éoliennes, et l’un d’entre eux se faire déchiqueter par une pale qui lui arrivait d’où il pouvait difficilement la voir venir : au-dessus de sa tête (8).
Il y a plus grave. Dans la mesure où les promoteurs font croire aux élus et aux préfets que ces sortes de systèmes préviennent les morts d’oiseaux, ils leur font considérer favorablement des installations d’éoliennes ainsi équipées dans des habitats d’oiseaux appartenant à des espèces dites “patrimoniales”, protégées”, “sur liste rouge”, ou plus généralement en danger d’extinction locale, régionale, nationale, voire européenne. Ils sont aidés dans leur triste besogne par une faible opposition de la part de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et autres ONG et ornithologues aveuglés par des conflits d’intérêt. Les conséquences seront graves, notamment pour nos aigles, vautours, grues, cigognes, milans, busards, faucons, gypaètes, grands tétras et autres oiseaux emblématiques.
Nous vous invitons donc, ornithologues de la LPO, à vous joindre à nous pour empêcher le massacre de ces magnifiques oiseaux. Ecoutés comme vous l’êtes par les médias, vous seuls pouvez encore sauver notre faune ailée de cette terrible menace. Votre responsabilité est donc engagée, et votre silence vous rendrait coupables de l’extinction en France de nombre d’espèces d’oiseaux emblématiques.
Il convient aussi de dire que la protection offerte par les études d’impact est nulle, dans la mesure où:
1) – celles-ci se basent sur des études partisanes financées par des intérêts particuliers (principalement l’industrie éolienne et ses promoteurs);
2) – aucune ne reconnaît le fait que les rapaces, chauve-souris, hirondelles et martinets sontattirés par les éoliennes et les proies faciles que l’on trouve dans leur voisinage (insectes eux-mêmes attirés, rongeurs, et les oiseaux et chauves souris blessés ou morts par collision avec les pales) – lien : Fatale attraction – alerte biodiversité . Ceci explique le carnage révélé par la Société espagnole d’ornithologie (SEO/Birdlife), et bizarrement passé sous silence par votre ONG, qui pourtant fait également partie de Birdlife International – lien :
en Espagne, les éoliennes tuent de 6 à 18 million d’oiseaux et de chauves-souris par an.
Source: Mark Duchamp, président du Conseil mondial pour la nature