Photo de Thomas Sienicki – Wikipedia commons |
Équiterre et la Fondation David Suzuki ont posté au premier ministre Couillard 18 000 lettres de citoyens lui demandant d'interdire la vente et l’usage des pesticides néonicotinoïdes.
Équiterre a fait cette annonce dans le cadre d’un midi-conférence lors duquel le Dr Jean Zigby et la chercheuse Madeleine Chagnon présentaient l’état des plus récentes connaissances quant à l’impact des pesticides néonicotinoïdes sur l’environnement et la santé. Chercheurs et intervenants des milieux de la santé publique, de l’agriculture, des municipalités et de l'environnement étaient réunis à Longueuil pour l'occasion.
« Le Gouvernement de M. Couillard doit interdire dans les plus brefs délais ces pesticides dangereux. La science est claire. Il existe des solutions de rechange, et comme les agriculteurs doivent planifier dès maintenant leurs cultures, ils doivent savoir sur quel pied danser », a indiqué Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre.
L’usage des néonics est très répandu au Canada, principalement en agriculture pour l’enrobage des semences de maïs et de soya – des productions importantes au Québec –, comme insecticide foliaire, et également sur les pelouses, entre autres usages. L’Agence de règlementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada indique que les néonics utilisés sur les semences de maïs ont contribué aux mortalités d'abeilles observées au Québec et en Ontario. Rappelons que les abeilles – ces importantes pollinisatrices, de qui dépendent 70 % de nos cultures et 35 % de notre production alimentaire – connaissent des taux de mortalité alarmants durant la période des semis, et les pesticides néonicotinoïdes utilisés pour traiter les semences de maïs sont directement impliqués dans ce déclin.
Madeleine Chagnon est membre du Groupe de travail sur les pesticides systémiques réunissant 50 scientifiques indépendants de par le monde, et elle est co-auteure d’une méta-analyse sans précédent sur l’impact des pesticides néonicotinoïdes sur l’environnement. Basée sur l’étude de 800 publications, cette méta-analyse fait état d’un risque élevé non seulement pour la santé des abeilles, mais également pour un grand nombre d’espèces utiles, dont les papillons, les vers de terre et les oiseaux. De plus, ils affectent une grande diversité d’invertébrés bénéfiques, en contaminant les sols, la végétation, les eaux souterraines et de surface et les habitats aquatiques et marins. « En tant que scientifiques indépendants, nous pouvons maintenant dire qu'il existe suffisamment de preuves évidentes de préjudices pour instaurer des mesures règlementaires », a expliqué Mme Chagnon.
Pour le Dr Jean Zigby, président de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement, l’exposition aux néonicotinoïdes par le biais des aliments et de l’eau soulève des préoccupations en matière de santé publique. « Les abeilles ne sont probablement pas les seules victimes : les néonicotinoïdes pourraient également affecter le cerveau humain et le système nerveux, selon ce que des recherches récentes laissent soupçonner. L’application du principe de précaution s’impose », a-t-il déclaré. En effet, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments, ces substances neurotoxiques peuvent potentiellement affecter le développement du système nerveux humain, et certaines sont reconnues comme pouvant éventuellement perturber le système hormonal.
« Les néonicotinoïdes persistent longtemps dans les sols, se lessivent et se retrouvent dans nos cours d’eau. Nous sommes inquiets de leur usage à grande échelle et des impacts qu’ils peuvent avoir sur la santé humaine et sur les écosystèmes », a renchéri Nadine Bachand, chargée de projet Choix collectifs, agriculture et pesticides chez Équiterre.
Source: Équiterre