Par Amaury Paul
Mots-clés : transition énergétique, économie verte, analyse
Transition énergétique, transition écologique, troisième révolution industrielle… Les mots ne manquent pas pour désigner ce concept politique qui vise à instaurer une économie verte. « Comme il y a 20 ans, quand on a commencé à parler de développement durable », ironise René Audet, professeur au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. La transition énergétique est « bien présente dans le discours », mais l’expression est floue et peut être interprétée de différentes façons. Il y a des « conflits d’interprétation dans les discours écologique », poursuit-il. Le professeur a décidé de se livrer à une analyse des discours autour de la question afin de mettre en évidence les fractures au sein des acteurs qui prônent la transition énergétique. « La manière dont nous formulons la transition dans l’espace public va avoir un impact sur son application », explique-t-il. À l’occasion de la 18eme conférence « Territoire, ressources et société » organisée par le Centre’ERE, la faculté des sciences de l’éducation, l’institut des sciences de l’environnement et la Coalition Eau Secours, le professeur est venu présenté ses résultats.
Un discours centré sur l’économieSur la cinquantaine de documents qui a servi de base de travail à son analyse, René Audet identifie deux discours majoritaires. Il y a d’abord celui des « financiers, gens d’affaires, ingénieurs et de groupes environnementaux ». Ces derniers ont un discours « technocentriste », dans lequel les termes « financement, entreprise, technologie, développement, secteur, fonds, commercialisation et transaction » sont les mots-clés les plus usités. Ce type de discours repose essentiellement sur des critères économiques. Dans ce schéma, l’Etat joue un rôle « d’interventionniste incitatif pour corriger les défaillances du marché et soutenir les entreprises ».
La vision des ONGLe deuxième courant de discours est celui des ONG. Dans ce cas de figure, les termes qui reviennent le plus sont « carbone, transition, économie, développement et émission ». Les ONG n’hésitent pas non plus à afficher leur « opposition marquée à l’exploitation des hydrocarbures », ajoute René Audet. De la même manière, « les ONG interrogent la cohérence des plans de l’Etat sur le climat et sur l’exploitation des hydrocarbures ». L’Etat, cette fois, serait le « pilote de la transition, visionnaire et planificateur ». En somme, « aménagiste en chef de la société québécoise ».
Source: GaïaPresse |