La Via Campesina (LVC), mouvement mondial représentant des millions de paysannes et de paysans, travailleurs agricoles, peuples autochtones et nomades, dénonce la mainmise par les multinationales, en complicité avec les Etats, sur l’Exposition universelle de Milan. Le thème de l’Expo est “nourrir la planète, énergie pour la vie”.
L’Expo de Milan sert de vitrine aux multinationales qui contrôlent le commerce mondial d'aliments, du matériel génétique des animaux et semences végétales, pesticides et engrais chimiques. Ces entreprises ne cessent de travailler dans le but de privatiser et de commercialiser les biens communs comme l’eau, la terre, les forêts, les mines ou les semences. Ils transforment l’alimentation en une marchandise tout en refusant de concevoir l’alimentation comme un droit humain.
La nourriture industrielle, produite à grande échelle et contaminée par une grande quantité de pesticides et OGMs, est réservée aux personnes ayant des ressources économiques limitées tandis que les aliments sains ne sont accessibles qu’à une élite ayant des moyens.
Coca-Cola est l’une des entreprises la plus visible dans l’Expo. Or, non seulement, elle vend des produits sans aucun intérêt nutritionnel, mais en plus elle est impliquée entre autres dans l’assassinat de syndicalistes colombiens qui cherchaient à conserver des ressources hydriques et à défendre leurs droits de travailleurs[1]. De même McDonalds, connue pour son bilan médiocre en ce qui concerne les droits des travailleurs et une alimentation saine, a également une présence forte dans l’Expo[2]. L’Expo de Milan sert surtout les intérêts de ces entreprises pour la promotion d’un modèle agroindustriel, capitaliste et élitiste.
La majorité des gouvernements participants ont dépensé des millions d’Euros de l’argent public pour monter un pavillon en vue de "vendre" leurs produits technologiques. Il s’agit d’un espace de promotion des fausses solutions pour résoudre la faim et le changement climatique, comme par exemple par le biais d’une agriculture intelligente vis-à-vis du climat ou des programmes REDD soutenus par la nouvelle Alliance du G8, AGRA, entre autres.
L’autre contradiction de l’Expo est qu’elle a été construite sur une zone où existaient des terres agricoles,[3] indispensables pour assurer des produits alimentaires frais et sains à destination des populations urbaines.
La devise de l’Expo montre une incompréhension cynique du problème politique que constitue la faim dans le monde.
On ne tient aucunement compte des producteurs et productrices à petite échelle qui produisent 70% de la nourriture dans le monde, tout en créant de l’emploi et sans polluer la planète ou exploiter leurs travailleurs. La Via Campesina dénonce cette vision encouragée par l'Expo et réaffirme que la souveraineté alimentaire constitue une alternative fondée sur les droits des peuples et la sécurisation de leur subsistance, tout en respectant l’environnement avec des pratiques agroécologiques qui refroidissent la planète et offrent des aliments sains dans des systèmes alimentaires adaptés localement. C’est pourquoi LVC propose une issue aux multiples crises auxquelles nos sociétés font face. LVC pense qu’il est urgent de modifier le paradigme pour que les solutions et les décisions, à propos de ce que nous mangeons et produisons, de même que comment, où, quoi produire et pour qui, soient prises par les personnes qui produisent et qui mangent et non par les entreprises qui vendent la nourriture comme une marchandise.
La Via Campesina participera à l’Expo des Peuples à Milan afin d’y proposer les véritables alternatives au modèle sans issue proposé par l’Expo “officielle”.
[3] http://www.altreconomia.it/site/fr_contenuto_detail.php?intId=4579
Source: La Via campesina