Au moment où des rumeurs de plus en plus persistantes circulent quant au dévoilement imminent des grandes lignes de la politique énergétique 2016-2025 et de la loi sur les hydrocarbures du Québec, le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ) somme le gouvernement Couillard de renoncer à la stratégie pétrolière et surtout gazière qu’il a favorisée jusqu’ici.
Selon Carole Dupuis, coordonnatrice générale et porte-parole du RVHQ, « Encore à ce jour, malgré Paris, malgré l’opposition des citoyens, tout porte à croire que les hydrocarbures seront au cœur de la politique énergétique du Québec et que la filière gazière en sera le fer de lance. Le premier ministre Philippe Couillard et le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, n’ont que le mot "gaz" à la bouche. Ils soutiennent les projets gaziers et vont jusqu’à en financer certains avec l’argent des Québécois. Le plus ironique, c’est qu’ils présentent ce combustible fossile comme solution de transition. »
Dans une synthèse en trois parties[1]diffusée ce matin, le RVHQ démontre que les cinq usines de liquéfaction de gaz naturel dont le gouvernement du Québec soutient l’établissement feraient quadrupler la présence du gaz naturel au Québec, ce qui ferait exploser la contribution du Québec au réchauffement climatique. Le GNL produit servirait à mousser l’activité minière et industrielle en régions éloignées, ainsi que le transport de marchandises par camions, par trains et par navires, dans le cadre du plan Nord et de la stratégie maritime du Québec. Il permettrait d’exporter chaque année vers l’Europe 561 milliards de mètres cubes de gaz naturel nord-américain, alors que le Québec en consomme moins de 200 milliards par an. « Présenter cette stratégie industrielle comme une stratégie de transition énergétique est une insulte à l’intelligence des Québécois », a soutenu madame Dupuis.
Ce qui est bleu n’est pas vert
S’il est vrai que le gaz naturel émet un peu moins de GES que le mazout et le carburant diésel lors de la combustion, ces gains sont annulés ou même renversés par les fuites de méthane qui se produisent lors des forages, pendant le transport du gaz et après l’abandon des puits. « Le GIEC[2] a déterminé que le méthane, qui compose à 95 % le gaz naturel, a un impact 87 fois plus élevé que celui du CO2 sur le réchauffement climatique, sur une période de 20 ans. Ce qui est bleu n’est pas vert et ce n’est pas le gaz naturel qui va améliorer notre bilan environnemental! », a insisté Jacques Tétreault, coordonnateur général adjoint.
Vers un retour du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent?
Le gouvernement ira-t-il jusqu’à permettre l’extraction de gaz de schiste et le recours à la technique fortement décriée de la fracturation hydraulique dans la vallée du Saint-Laurent? « On l’ignore, a indiqué monsieur Tétreault. Chose certaine, MM. Couillard et Arcand n’ont jamais bronché devant les demandes répétées de l’industrie visant à implanter des projets pilotes à grande échelle dans Lotbinière et Bécancour. Dans le cadre des récentes Évaluations environnementales stratégiques, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles a même fait évaluer les besoins de main d’œuvre liés au forage de 3 600 puits de gaz de schiste dans les basses-terres du Saint-Laurent. »
La colère couve chez les citoyens qui exigent une véritable transition énergétique
Les citoyens qui se battent depuis des années contre le développement des hydrocarbures sont excédés par ce qu’ils appellent « la guerre d’usure ayant tenu lieu de processus démocratique ». Selon Carole Dupuis, le gouvernement doit « renoncer à leur enfoncer dans la gorge son plan d’action sur les hydrocarbures ». Il doit plutôt déployer, d’urgence, un plan de transition énergétique qui s’attaquera aux grandes sources d’émissions de GES au Québec : la surconsommation d’énergie, le modèle du ministère des Transports et du ministère des Finances qui subventionne le réseau autoroutier et l’automobile individuelle au détriment du transport collectif, et les pratiques d’aménagement du territoire. En matière d’énergie comme telle, la prospérité et les emplois durables se trouvent dans les solutions d’économie d’énergie, d’énergies passives et d’énergies renouvelables, ancrées dans l’économie de la connaissance où le Québec bénéficie d’un avantage concurrentiel.
« Nous continuons à espérer que le gouvernement opérera un changement de cap avant d’annoncer ses orientations », a conclu Jacques Tétreault.
Source : RVHQ