Le rapport « Une économie au service des 99 % », publié cette semaine par Oxfam en amont de la rencontre annuelle de l’élite économique et politique à Davos, révèle que huit personnes détiennent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l’humanité.
Ce rapport illustre en détail comment les grandes entreprises et les individus les plus riches exacerbent les inégalités, en exploitant un système économique défaillant, en éludant l’impôt, en réduisant les salaires et en maximisant les revenus des actionnaires. Le rapport préconise un nécessaire changement de paradigme, vers une économie centrée sur l’humain, qui bénéficie à l’ensemble de la population, et non à une poignée de privilégiés seulement.
De nouvelles données plus précises sur la répartition des richesses dans le monde, en particulier en Inde et en Chine, indiquent que la moitié la plus pauvre de la population mondiale possède une part des richesses plus réduite que l’on ne pensait.
Les femmes plus touchées par la pauvreté
Sept personnes sur dix vivent dans un pays où les inégalités se sont accentuées au cours des trente dernières années. Le rapport d’Oxfam montre que nos économies canalisent les richesses vers une élite fortunée aux dépens des couches les plus pauvres de la société, et majoritairement des femmes. Les plus fortunés accumulent les richesses à un tel rythme que le premier « super-milliardaire » du monde pourrait voir son patrimoine dépasser le millier de milliards dans 25 ans à peine. Pour mettre ce chiffre en perspective, il faudrait débourser un million de dollars par jour pendant 2 738 ans pour dépenser 1 000 milliards de dollars.
La colère des populations contre les inégalités secoue déjà le monde politique. Des analystes estiment que les inégalités ont considérablement pesé dans l’élection de Donald Trump aux États-Unis, l’élection du président Duterte aux Philippines et la victoire du Brexit au Royaume-Uni.
« Des solutions existent : un meilleur équilibre salarial, la lutte contre les paradis fiscaux et des investissements dans les services essentiels. Soutenir et célébrer les entreprises qui bénéficient à la société en générale et pas à leurs seuls actionnaires. Le mouvement coopératif, dont le Québec est un chef de file, en est un très bon exemple », nous raconte Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec.
Des inégalités accrues par les grandes entreprises
Le rapport « Une économie au service des 99 % » révèle également comment les grandes entreprises exacerbent les inégalités : pour maximiser la rémunération de leurs actionnaires, elles éludent l’impôt, font pression sur les salaires de leur personnel et les prix payés aux producteurs à la base de leur chaîne d’approvisionnement, et réduisent les investissements dans leur propre activité.
Des mesures concrètes pour mettre un terme aux inégalités existent. Oxfam propose aux gouvernements de :
- Mettre un terme à la concentration extrême des richesses pour en finir avec la pauvreté. Ils doivent augmenter les impôts sur la fortune et sur les hauts revenus pour égaliser les chances et dégager les ressources nécessaires pour investir dans la santé, l’éducation et la création d’emplois.
- Coopérer au lieu de se faire concurrence. Les gouvernements doivent conjuguer leurs efforts pour garantir un salaire décent aux travailleuses et travailleurs et pour mettre fin à l’évasion fiscale et au nivellement par le bas de l’impôt sur les sociétés.
- Soutenir et célébrer les entreprises qui contribuent au bien de leur personnel et de la société en général, plutôt que de leurs seuls actionnaires.
- Garantir une économie respectueuse des droits des femmes. Les gouvernements doivent contribuer à abattre les obstacles à la promotion économique des femmes, notamment en améliorant leur accès à l’éducation et en favorisant une répartition plus équitable du travail de soin non rémunéré.
Oxfam invite également les dirigeant-e-s d’entreprises à participer à la construction d’une économie plus humaine. Cette année, au Forum économique mondial portant sur le thème d’un « leadership réceptif et responsable », ils pourront commencer par s’engager à payer leur juste part d’impôt et à s’assurer que leurs entreprises versent un salaire suffisant à leur personnel.
Source : Oxfam-Québec