Dans le cadre de la consultation La sécurité routière : ça nous concerne tous! menée par la Société de l’assurance automobile du Québec et le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, le directeur régional de santé publique (DRSP) du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’ Île-de-Montréal, le Dr Richard Massé, dépose un mémoire offrant une vision globale sur l’ensemble des problèmes de sécurité routière.
Par-delà la modification de comportements individuels, le mémoire expose des stratégies préventives de nature environnementale à déployer par les autorités gouvernementales pour améliorer significativement la sécurité de la population québécoise. Il propose une série de recommandations amenant à un meilleur partage de la route entre usagers et modes de transport de manière à favoriser la santé des Montréalais, comme celle de l’ensemble des Québécois.
Des recommandations axées autour d’une approche environnementale
Afin de réduire l’exposition des individus au risque de collision et de blessures, le Dr Massé rappelle qu’il est essentiel de privilégier des stratégies d’intervention environnementales protégeant l’ensemble des usagers de la route, piétons, cyclistes, automobilistes, de manière systématique et indifférenciée.
Les approches environnementales visant par exemple la réduction du risque à la source sont plus efficaces pour améliorer la sécurité routière. Les stratégies de prévention environnementales s’appliquent par défaut, à tous les usagers exposés, sans nécessiter l’adoption de comportements individuels et volontaires. L’OMS privilégie d’ailleurs ce type de stratégies en préconisant des mesures telles que la réduction de l’exposition aux véhicules, l’usage de modes de transport collectifs et le réaménagement des routes, notamment pour protéger les piétons et les cyclistes du risque posé par les véhicules motorisés.
Le mémoire déposé aujourd’hui par le DRSP applique ces stratégies dans une vision de réduction du fardeau sanitaire et des inégalités sociales et se traduit en ces recommandations :
1. Adopter une approche environnementale de la sécurité routière à tous les paliers gouvernementaux
Le Dr Massé recommande que l’amélioration de la sécurité routière s’inscrive d’abord dans une approche environnementale offrant des infrastructures de transports plus sécuritaires. L’approche environnementale devrait viser la réduction des collisions et des blessures à l’échelle de la population du territoire plutôt que des approches ciblées visant à contrôler un facteur de risque ou des sites en particulier.
2. Déployer des initiatives gouvernementales cohérentes
Le Dr Massé recommande que le gouvernement du Québec arrime ses interventions en matière de sécurité routière avec les actions en santé, de mobilité durable, en environnement, en aménagement du territoire et en développement des infrastructures afin de réduire les effets délétères du transport sur la santé des Québécois.
A cet effet il recommande de mettre en place un observatoire des problèmes de sécurité liés aux déplacements, qui s’intéresserait non seulement aux collisions et aux blessures, mais aussi aux modes de transport utilisés et aux environnements routiers. Un tel observatoire permettrait d’identifier et de déployer des interventions environnementales appropriées.
3. Diminuer l’usage de l’automobile
Afin d’agir sur la réduction des risques de collisions et de blessures pour l’ensemble de la population, il est prioritaire de réduire le volume de circulation de véhicules motorisés. La politique de sécurité routière devrait réaffirmer la nécessité de réduire la dépendance collective à l’automobile comme mode de déplacement réduisant ainsi le risque d’accident. Cela implique de développer des aménagements pour favoriser le transport actif en développant en priorité une offre de transport collectif abordable, fréquent et doté d’une bonne connectivité.
4. Protéger la population de l’exposition aux véhicules
Le DRSP recommande que le ministère des Transports, de la Mobiliteì durable et de l’Eìlectrification des transports et les municipalités s’assurent du financement permettant la mise en place de mesures d’apaisement de la circulation à l’échelle des quartiers et favorise l’inclusion systématique de telles mesures dans les projets de réfection routière. Afin de protéger les piétons et les cyclistes du risque posé par la circulation automobile, il est nécessaire que les autorités gouvernementales redonnent la priorité aux modes de transports actifs par des mesures environnementales concrètes et efficaces (ex : trottoirs adéquats, pistes cyclables).
Perspective globale en matière de transport et de santé publique
Si les traumatismes, les blessures et les décès de la route sont des enjeux de santé publique identifiés d’emblée, plusieurs autres éléments doivent être pris en compte pour orienter les interventions gouvernementales visant la réduction des effets délétères du transport routier sur la santé. Pour n’en nommer que quelques-uns citons les impacts environnementaux (pollution de l’air, gaz à effet de serre, bruits, etc.), les conséquences sanitaires de la sédentarité (cancers, maladies cardiorespiratoires, obésité, diabète, etc.) et l’inégalité d’accès à la mobilité.
En adoptant une approche visant la réduction de l’exposition au risque associé aux déplacements en automobile, le Dr Massé affirme que le gouvernement du Québec serait à même de favoriser le développement des modes de transports actifs et collectifs répondant aux impératifs de déplacement des individus tout en améliorant l’état de santé de la population québécoise.
Source : Gouvernement du Québec