Le comité d’audience de l’Office national de l’énergie devra considérer les effets en aval et en amont du projet de pipeline sur l’émission des gaz à effet de serre ainsi que l’impact de lois et politiques visant à réduire les GES sur la production et les marchés que vise à satisfaire ce projet.
Il est à noter que les deux comités d’experts en charge de faire des recommandations dans le cadre des efforts de réforme du droit environnemental fédéral, avaient souligné que le traitement du climat faisait défaut dans les évaluations de projets fédéraux et le besoin de réflexion stratégique à cet égard. Nous sommes heureux de constater que les recommandations faites par ces experts ont été entendues par le comité d’audience.
Il est important de souligner que le Canada s’est récemment engagé, par la ratification de l’Accord de Paris, à agir concrètement en matière de réduction des GES. Ainsi, il est de notre avis que toutes les émissions fondées sur le cycle de vie (en amont, en aval et directes) au cours de la durée de vie du projet Énergie Est doivent être incluses dans l’évaluation afin d’évaluer l’impact global des émissions de GES associées au projet. Ceci est d’autant plus important que les engagements pris dans le Canada dans le cadre de cet accord seront mis à jour et deviendront plus rigoureux tous les cinq ans.
Pour Karine Péloffy, directrice du CQDE, « cette décision respecte la tendance internationale d’inclure les GES dans ce type d’évaluation. Les tribunaux américains ont rejeté à plusieurs reprises des évaluations environnementales d’infrastructures d’hydrocarbures qui ne considéraient pas les émissions GES en aval d’un projet, dont une décision en date du 22 août par la cour d’appel du district de Columbia qui a annulé l’approbation d’un pipeline de gaz naturel qui escamotait cette dimension »[1].
Moderniser l’ONÉ
Le nouveau comité d’audience précise que des renseignements complémentaires seront publiés ultérieurement. Le CQDE espère que cela précisera que les impacts internationaux et le coût social GES seront inclus; et que l’évaluation climatique du projet couvrira l’entièreté de sa durée de vie ainsi que les émissions attribuables aux changements d’affectation des terres en Alberta, tous des aspects qui font défaut dans la méthodologie d’évaluation développée par Environnement et Changements Climatiques Canada.
Pour Greenpeace Canada, il s’agit d’un autre argument fort pour suspendre l’étude en cours jusqu’à ce que la modernisation de l’ONÉ et la réforme des évaluations environnementale soient complétées. Il est inacceptable qu’Ottawa continue l’évaluation d’Énergie Est alors que la population n’a plus confiance en l’ONÉ et que le gouvernement du Québec a demandé que la modernisation, voire le démantèlement, de l’ONÉ soit achevée avant de relancer l’évaluation d’Énergie Est.
Source : CQDE et Greenpeace Canada