Par Marie Lesure
Mots-clés: agriculture, biologique, France, vin, pisciculture Le salon de l'agriculture de Paris (19-27 février) a confirmé l'engouement des Français pour l'alimentation biologique. Témoin de cette vague de popularité, l'affluence quasi-continue au stand de l'Agence BIO, l'organisme public chargé de promouvoir l'agriculture biologique en France, organisait à toute heure du jour animation, rencontres, démonstrations culinaires et autres dégustations. Juste à côté, le stand de a Drôme, premier département bio de France (11,8% de surface agricole utile avec 755 producteurs), n'était pas en reste pour vanter les produits de son terroir: fruits, plantes à parfum, aromatiques et médicinales, purées de légumes … ainis que son éco-territoire expérimental, la Biovallée.
Une filière en croissance Un sondage réalisé en octobre 2009* indiquait en effet que 84 % des Français souhaitent le développement de l’agriculture biologique et quelque 77% y voient une solution d’avenir pour résoudre les problèmes environnementaux. De fait, le chiffre d’affaires du marché français de l’alimentation bio s’élevait à 4,1 milliards de dollars canadiens (3 milliards d’euros) en 2009 alors qu’il était de 2,2 milliards de dollars canadiens (1,6 milliard EU) en 2005, représentant ainsi 1,9 % du marché national (1,1 % en 2005). Si les grands classiques — fruits et légumes, produits laitiers, œufs — gardent la préférence des consommateurs, le vin et les produits piscicoles connaissent un engouement certain. |
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Stand bio au 48e salon de l'agriculture |
Vins et pisciculture biologiques
Les surfaces viticoles atteignent 5 % du vignoble national et pourraient, selon les prévisions, atteindre 8 % l’année prochaine. La pisciculture (truites, bars, daurades) représente, quant à elle, 5 % des sites d’élevage français et enregistre une très forte hausse en tonnage. Entre 2007 et 2010, le nombre de sites a augmenté de 12 à 28, la production de 700 à 1 200 tonnes.
Parmi les produits les plus courants, on retrouve poissons frais, truites fumées, rillettes et préparations pour bébés, note Gaël Michel, chargé de mission développement durable au Comité interprofessionnel des produits de l’aquaculture (CIPA). Ce dernier n’est pas rassuré pour autant. Il « redoute un développement majeur de la pisciculture bio à l’étranger » à la suite de l’introduction de règles européennes en 2009, notamment la suppression de certains critères comme la qualité d’eau des sites et la baisse de la densité maximale d’élevage (de 25 kg à 15 kg par m3 en mer, de 35 kg à 25 kg par m3 en eau douce).
Cette évolution pénalise les pisciculteurs français, car elle nécessite une extension des sites. Or, aucune expansion de la sorte n’est autorisée en France depuis plus de 10 ans.
L’alimentation bio fait son chemin à l’école Pour faciliter l’approvisionnement en bio des cantines scolaires, le Conseil général de la Drôme est en train de mettre en place une plate-forme départementale de services sur Internet. Le but de cet outil, qui sera présenté au Printemps Bio à Paris en juin, est de permettre aux intendants des trente collèges du département de consulter rapidement les disponibilités et prix des producteurs proches de leur établissement et d’effectuer des achats inférieurs à 4 000 euros, donc sans appel d’offres. Sur environ 1,7 million de repas distribués chaque année aux 18 309 élèves des collèges drômois (13 417 pensionnaires), la part du bio approche les 20 % : fruits du verger, légumes, céréales, œufs, viande, fromage… Soit le pourcentage préconisé par le gouvernement en 2012 pour la restauration collective de l’ensemble des entreprises publiques françaises |
Une demande supérieure à l’offre
C’est là où le bât blesse : près de 30 % des achats bio des consommateurs français sont importés. Les agriculteurs peinent à faire face à la demande. Ils étaient 16 446 en 2009 (23,7 % de plus qu’en 2008), mais, en raison des contraintes, le nombre des conversions devrait se tasser en 2011, estime Jacques Pior, responsable agriculture biologique au service Qualité de l’assemblée permanente des Chambres d’Agriculture (APCA).
« Le contrôle biologique nous coûte 700 à 800 euros par an », indique Bernard Devoucoux, exploitant d’une ferme de 110 hectares dans l’Allier (35 vaches à viande charolaises, 70 brebis, 4 000 poulets et 30 hectares de cultures).
Maryse Le Quéré, convertie au bio il y a 14 ans et qui gère avec son mari 42 hectares dans les Côtes d’Armor ainsi qu'un atelier de volailles pondeuses (deux salles de 3 000 poules), recommande la patience. « Il faut savoir regarder sur la longue durée. Mais je n’ai pas envie de quitter mon métier », déclare-t-elle.
L’objectif fixé par le ministère français de l’Agriculture, 6 % de surfaces agricoles utiles en mode bio l’année prochaine (2,46 % aujourd’hui), sera sans doute difficile à atteindre. Cependant, affirme Jacques Pior, « le maintenir au-delà de 2012 serait opportun. »
* baromètre CSA/Agence BIO
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