Photo de David Monniaux – Wikipedia commons |
Produire plus avec moins, le système d'exploitation agricole respectueux de l'environnement soutenu par la FAO, peut augmenter durablement les rendements du manioc de 400 % et faire de cet aliment de base des populations pauvres une culture du XXIème siècle, a indiqué aujourd'hui la FAO.
Dans un guide qui vient d'être publié détaillant les applications de la méthode Produire plus avec moins aux petites exploitations cultivant le manioc, la FAO note que la production mondiale de manioc a augmenté de 60 pour cent depuis l'an 2000 et devrait encore progresser d'ici la fin de la décennie, les responsables politiques ayant pris conscience du potentiel considérable de ce tubercule.
Mais recourir, pour stimuler la production de manioc, aux méthodes faisant une utilisation intensive d'intrants adoptées par la Révolution verte au siècle dernier risque d'endommager davantage les ressources naturelles et d'accroître les émissions de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique.
La solution, explique la FAO, c'est le système Produire plus avec moins, qui augmente les rendements en améliorant la santé des sols plutôt qu'en recourant massivement aux intrants chimiques. Produire plus avec moins atténue autant que possible les perturbations causées au sol par les méthodes de labour traditionnelles, et recommande de préserver un couvert végétal protecteur sur les sols.
Plutôt que la monoculture pratiquée par les systèmes intensifs, Produire plus avec moins encourage la polyculture et la rotation des cultures, et prône la protection intégrée contre les ravageurs, qui utilise un matériel de plantation sain et fait appel aux ennemis naturels des insectes nuisibles plutôt qu'aux pesticides chimiques.
Des résultats spectaculaires
Ce système a obtenu des résultats spectaculaires lors des essais réalisés au Viet Nam, où les agriculteurs y recourant ont porté les rendements de manioc de 8,5 à 36 tonnes par hectare, soit une hausse de plus de 400 pour cent.
En République démocratique du Congo, grâce à des formations sur l'utilisation de matériel de plantation sain, sur le paillis et les cultures intercalaires, les exploitants stagiaires des écoles pratiques d'agriculture sont parvenus à accroître leurs rendements de 250 pour cent.
En Colombie, la rotation de la culture du manioc avec celles des haricots et du sorgho a redressé les rendements, alors que le recours aux engrais minéraux n'y avait pas suffi.
Le manioc est une culture très polyvalente exploitée par les petits agriculteurs dans plus d'une centaine de pays. Ses racines sont riches en hydrates de carbone, tandis que ses feuilles tendres contiennent jusqu'à 25 pour cent de protéines, du fer, du calcium et des vitamines A et C. D'autres parties de la plante peuvent servir à l'alimentation animale: le bétail nourri au manioc résiste bien aux maladies et affiche un faible taux de mortalité.
L'un des facteurs expliquant l'augmentation de la demande de manioc est le prix actuellement élevé des céréales, qui en fait une alternative intéressante au blé et au maïs, en particulier dans la mesure où le manioc peut être transformé en farine de qualité, susceptible de remplacer partiellement la farine de blé.
Sécurité alimentaire
Outre son importance pour l'alimentation et la sécurité alimentaire, le manioc compte une série d'applications industrielles qui lui confèrent un fort potentiel en matière de développement industriel rural et d'augmentation des revenus ruraux.
La manioc est la deuxième source d'amidon après le maïs et des variétés mises au point récemment produisent un amidon qui sera très recherché par les industriels.
La demande de manioc comme matière première pour la production de bioéthanol est également en croissance rapide.
Autre aspect important: parmi les cultures de base exploitées en Afrique, le manioc rustique, résilient, devrait être l'une des moins affectées par la progression du changement climatique.
En appliquant le système Produire plus avec moins, les pays en développement éviteront les écueils de l'intensification non durable, tout en exploitant la capacité du manioc à obtenir des rendements plus élevés, à réduire la faim et la pauvreté rurale et à contribuer au développement économique national.
Source: FAO