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Le Manifeste pour l’exploitation du pétrole au Québec: dernière trouvaille de l’industrie pétrolière pour manipuler l’opinion publique. Déjà que nos gouvernements foncent tête baissée vers la facilitation de l’exploitation du pétrole au Canada, on en rajoute en faisant miroiter les ressources mirobolantes du Québec.
Qu’en est-il au juste?
Selon le prospectus publicitaire de la compagnie Pétrolia (1), la quantité de pétrole récupérable au puits de Haldimand à Gaspé est de 7,7 millions de barils de pétrole. Mettons cette quantité en relation avec notre consommation québécoise. D’après le document de consultation mis à la disposition des contribuables lors de la Commission de consultation sur l’avenir énergétique du Québec, nous importons quelques 143,1 millions de barils de pétrole à chaque année pour nos besoins en énergie(2).
Si ma calculatrice est bonne, cela représente 7,7 millions divisé par 143,1 millions = 5,38 % de notre consommation annuelle! Soit l’équivalent de 19,64 jours de consommation!
Soyons bons joueurs et accordons la même capacité de production à Anticosti et multiplions par deux celle du Golfe du Saint-Laurent: nous arrivons à environ deux ou trois mois d’approvisionnement!
Quelle belle assurance d’approvisionnement!
Considérons maintenant l’aspect économique. Compte tenu que la Caisse de Dépôt et de Placement du Québec (CDPQ) détient environ 10% des parts de Pétrolia, nous pouvons conclure que la CDPQ devrait recevoir, elle aussi, environ 10% des bénéfices de cette entreprise.
Un baril de pétrole se vend bon an mal an 100$ environ. De façon très conservatrice,calculons que 50% du prix couvre les frais d’exploitation, le profit est donc d’environ 50$ par baril de pétrole. Pour Gaspé, la CDPQ devrait donc toucher autour de 19,25 millions de dollars pour la durée totale de l’exploitation.
En extrapolant ces montants de la façon la plus optimiste possible, nous pouvons peut-être atteindre les 100 millions de dollars de bénéfice au cours des vingt prochaines années ceci, pour l’exploitation de tous les sites actuellement convoités.
Même en ajoutant des redevances non encore déterminées (car la loi sur les hydrocarbures n’est toujours pas sur la table), il est impossible d’en venir à des conclusions qui feront en sorte qu’on engrangera des milliards comme on le suppose dans le Manifeste.
Pour sortir le Québec de sa « pauvreté », lançons-nous dans l’exploitation du pétrole!
Mais après le pétrole, qui n’est pas une ressource renouvelable, que nous restera-t-il? Il nous restera une péninsule gaspésienne criblée de trous qui régurgitent du pétrole, des nappes phréatiques probablement polluées, une merveilleuse île d’Anticosti ravagée par l’industrie, un golfe du Saint-Laurent pollué par d’inévitables fuites de pétrole, des citoyens à la santé moribonde et une augmentation significative de nos émissions de gaz à effet de serre.
Avis aux signataires de ce Manifeste, nous savons aussi calculer! Le jeu n’en vaut pas la chandelle lorsqu’on met tous les paramètres dans l’équation! Cessez de nous prendre pour des incultes accros à l’argent. Si vous mettiez vos réputations en jeu pour le développement de nouvelles énergies qui créeraient beaucoup plus de richesse sans hypothéquer l’avenir de nos enfants, alors nous pourrions vous considérer comme respectueux de notre intelligence.
(1) http://www.petroliagaz.com/imports/medias/pdf/2013-01-31-depliant-fr.pdf p.4
(2) Document de consultation, Commission sur les Enjeux Énergétiques du Québec p. 25 et 26
Source: Jacques Tétreault, citoyen de St-Dominique