Objectif Zéro déchet pour les entreprises de Sherbrooke

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Mercredi dernier, une quarantaine de représentants d’entreprises s’étaient déplacés lors d’un 5 à 7 organisé par le comité environnement de la Chambre de Commerce de Sherbrooke. Le sujet : l’optimisation de la gestion des matières résiduelles dans les industries, commerces et instituts (ICI).

Le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE) présentait les résultats d’une enquête menée auprès de 70 entreprises et révélait les défis communs auxquels sont confrontés ceux qui visent l’objectif zéro déchet : l’intégration de la collecte de la matière organique, l’optimisation de la gestion du carton, des plastiques et du verre, ainsi que l’accompagnement nécessaire des commerçants et propriétaires d’immeubles.

Grâce à un financement obtenu de RECYC‑QUÉBEC et à la collaboration financière et technique de la Ville de Sherbrooke, de Sherbrooke Innopole, de Commerce Sherbrooke, du Centre d’excellence en valorisation des matières résiduelles (CEVMR) et du Créneau Accord bio-industries environnementales, le CREE a mené une enquête auprès de plus d’une trentaine de commerçants du centre-ville de Sherbrooke et de la rue King Est ainsi que près d’autant d’entreprises du parc industriel régional afin de déterminer des pistes d’optimisation de la collecte des matières valorisables, de création de maillages entre les ICI et, ultimement, le détournement de l’enfouissement. Pour y parvenir, les bacs ont été vidés pour en analyser le contenu, des audits ont été réalisés et des entrevues ont permis de mieux comprendre les défis des ICI.

Les matières organiques à l’avant-plan des défis

Les résultats démontrent que si les commerçants ont des matières résiduelles qui s’apparentent à celles des ménages, leur gestion semble un peu plus complexe : manque d’espace, volume, crainte d’odeur et de vermine, salubrité.

Pour les entreprises déjà prêtes à passer à l’action, l’introduction d’une collecte à coût avantageux, de proximité et fréquente semble la solution la plus propice pour détourner les matières organiques de l’enfouissement, celle‑ci représentant 75 % des matières résiduelles enfouies du secteur. Pour d’autres, la solution réside dans les installations fournies par les propriétaires des immeubles qu’ils louent.

Quoi qu’il en soit, le statu quo ne peut se poursuivre, particulièrement à la lumière de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles qui ciblent le bannissement des matières organiques pour 2020 : l’augmentation des coûts de l’enfouissement à prévoir pourrait avoir un impact négatif sur la rentabilité de leur entreprise.

Une meilleure connaissance pour le développement de symbioses

Au niveau des industries, les matières résiduelles sont plus homogènes au sein d’une même entreprise et sont présentes en plus grande quantité.

Ces facteurs sont très intéressants pour la création de symbioses industrielles : les déchets des uns deviennent les ressources des autres. Voilà une occasion de transformer localement des matières résiduelles en de nouvelles matières premières et de développer de nombreux maillages. Comment coordonner le tout? Comment assurer que les matières produites trouvent le chemin le plus avantageux et le plus profitable possible?

Entre autres, certaines matières ciblées par l’étude gagneraient à être récupérées par un conditionneur local, ce qui pourrait se traduire par l’émergence de nouveaux créneaux. Pour d’autres, comme les papiers et cartons et certains plastiques, les coûts de gestion pourraient être minimisés, voire transformés en revenus, s’ils étaient séparés.

Or, choisir les meilleures solutions à mettre en œuvre ne peut se faire sans une connaissance de paramètres essentiels : la fréquence des collectes est-elle appropriée? Est-il profitable de démonter les matières avant de les envoyer pour la collecte? Serait-il souhaitable pour une entreprise de se procurer un compresseur pour les matières dont la valeur de revente est substantielle, comme le carton et les plastiques d’emballage?

Une obligation de produire bilan des masses récupérées par les collecteurs semble être un élément clé de la stratégie d’optimisation. Cela permettrait aux entreprises et à la Ville d’obtenir une connaissance et une précision plus grande des matières produites, devenant un outil essentiel à la prise de décision. Le développement d’une plateforme analysant ces paramètres permettra ensuite l’identification d’opportunités et de fournisseurs de service adaptés aux contextes des entreprises.

Besoin d’un catalyseur

Des obstacles importants doivent être surmontés par les acteurs qui visent le zéro déchet. Les ICI manquent de connaissances et de temps pour se consacrer à la recherche de solutions d’amélioration de la gestion de leurs matières résiduelles. Dans d’autres régions, une solution stratégique est de consacrer une ressource entièrement dévouée aux liens à créer entre les entreprises, à cibler les opportunités et à faciliter les symbioses.

L’arrivée d’une telle ressource permettrait à l’Estrie et à Sherbrooke de développer son plein potentiel en s’associant à des acteurs déjà engagés dans cette voie, notamment grâce à des initiatives de collaborations comme celles d’Estrie Aide et de Défi Polyteck qui intègrent déjà dans leur modèle d’affaires les principes de ce qu’on appelle l’économie circulaire.

L’identification de gisements critiques non valorisés par cette ressource pourrait également contribuer au développement de nouveaux projets de R&D ou de bancs d’essais, et ce, via notamment la collaboration existante entre le l’Université de Sherbrooke, le CABIE et le CEVMR, dont ce dernier a pour mission le zéro enfouissement en Estrie.

Des solutions sur mesure, des collectes adaptées aux besoins réels et des personnes ressources pour accompagner les ICI dans leurs démarches sont les ingrédients nécessaires à une recette gagnante vers l’atteinte de l’objectif de zéro déchet à Sherbrooke!

Source : Conseil régional de l’environnement de l’Estrie

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