Par Marina Tymofieva
Mots-clés : AQME, Laure Waridel, François Reeves, énergies propres, enjeux sociaux
Le modèle économique d’une société influence la qualité de vie de sa population. Telle est la thèse présentée par les conférenciers d’honneur du diner-conférence de l’Association Québécoise pour la Maîtrise de l’Énergie (AQME), le 11 décembre dernier. Laure Waridel et François Reeves ont tenté de répondre à la question "La maîtrise de l'énergie passe-t-elle par l’économie écologique, sociale et / ou par une prescription verte ?" L’AMQE a choisi la rencontre de l’éco-sociologie et de la médecine pour débattre des enjeux énergétiques de notre société. Les choix énergétiques, qui influencent directement la qualité de notre environnement, doivent être pris en compte dans les enjeux de la santé publique. François Reeves, cardiologue de renom et pionnier de l’éco-cardiologie, a présenté le lien étroit entre notre corps et notre environnement. Le constat évoqué par le chirurgien est sans équivoque : on estime aujourd’hui à plus de 20 000 les décès excédentaires dus à la pollution de l’environnement. M. Reeves a su démontrer les causes directes de la révolution industrielle sur notre santé. Avec l’essor des énergies combustibles depuis les années 1950, source majeure de nano-agresseurs atmosphériques, le taux de mortalité dû aux maladies cardio-vasculaires a explosé. ''Les maladies coronariennes sont le tueur numéro 1 de la planète'', a déclaré le médecin. Autre constat : ce taux de mortalité diffère radicalement selon les pays. Ces maladies surviennent à cause de facteurs multiples, mais sont surtout déterminées par la triade du bagage génétique de l’individu, ses activités et son emplacement géographique. Ce dernier facteur a longtemps été ignoré.
Un exemple frappant : en 1952 le grand smog de Londres, considéré comme la pire pollution atmosphérique de toute l'histoire du Royaume-Uni, a entrainé pas moins de 12000 décès excédentaires. D’autres études allant dans ce sens ont démontré que les taux de mortalité peuvent différer jusqu’à 25%! (dont 55% dus aux maladies cardio-vasculaires) dans des villes entières, dépendamment de leur taux de pollution atmosphérique. Or, Montréal est la deuxième grande ville canadienne où la pollution atmosphérique est la plus intense, selon un bilan de l'Organisation mondiale de la santé. Une journée sur trois seulement est considérée comme ''bonne'' au niveau de la pollution atmosphérique. Que pouvons-nous donc faire pour contrer ces effets désastreux sur notre santé? ''Certaines villes qui ont entrepris des actions pour limiter les agents polluants ont vu l’espérance de vie de leur population augmenter de 4 à 5 ans. Si j’invente une pilule qui fait la même chose, demain matin j’ai un prix Nobel!'', s’exclame le chirurgien.
Quelles actions mettre en œuvre?L’éco-sociologue Laure Waridel a questionné, quant à elle, l’audience au sujet des actions individuelles et collectives à réaliser. ''Nous avons plus que jamais besoin d’un changement de paradigme'', a déclaré Mme Waridel. Elle a présenté à titre d’exemple la réussite de l’éco-fiscalité imposée au centre-ville de Londres, une taxe pour automobilistes, visant à limiter l’utilisation du véhicule individuel. Mais si des actions politiques de la part de nos élus déterminent majoritairement nos choix individuels, c’est avant tout une collaboration collective qui permettra d’instaurer un changement durable, selon l’environnementaliste. ''La collaboration a toujours été un facteur fondamental dans l’évolution'', a déclaré Mme Waridel. En ce sens, l’AQME est une belle association qui permet le partage de liens, d’idées et de stratégies pour un avenir énergétique responsable'', a-t-elle conclu.
Source: GaïaPresse |